Un 6x6 stéréoscopique: le Spoutnik

 

 Spoutnik.jpg

 

cliché M.Pourny

 

 Assemblez deux Lubitel équipés de leur objectif T-22 de 75mm ouvert à 1 :4,5, supprimez ce qu’il y a en trop : un viseur capuchon et son miroir, un objectif de visée, un logement pour les filtres, un bouton d’entraînement du film et un déclencheur : vous avez entre les mains un appareil stéréoscopique. Les obturateurs sont évidemment couplés, la commande est disposée sur celui de droite. Le Spoutnik délivre simultanément deux clichés de format 6x6 (plus exactement 5,5 x 5,5cm) de bonne qualité malgré une perte de netteté dans les angles. N’oublions pas que les images ne sont pas destinées à être agrandies, puisque visionnées dans un stéréoscope. Ce qui ne m’a pas empêché d’en agrandir jusqu’au 24x24, format qu’elles supportent si on les tire sur un papier contrasté (3 ou 4).

 

 Comme le Lubitel, le Spoutnik est taillé dans la bakélite. Il mesure (L) 15,2 x (P) 9,5 x (H) 10cm ; le sac « tout prêt » est en cuir, mais peu pratique, il est pourtant indispensable en voyage, car le boîtier ne comporte pas d’anneaux pour recevoir une courroie ! On peut se passer de ce sac, et ranger le Spoutnik dans un fourre-tout en complément d’un autre appareil (classique) car il est peu probable qu’on se consacre exclusivement à la photo en relief.

 

 L’écartement des axes optiques (6,4cm) correspond grosso modo à celui des yeux humains, ce qui garantit une visée stéréoscopique présentant un bon relief.

 

 Comme sur le Lubitel, la mise au point se fait à l’aide de couronnes crantées. La rotation de celle qui entoure l’objectif de visée entraîne les deux qui commandent le tirage des objectifs de prise de vues (qui reçoivent par emboîtement des filtres d’un diamètre de 26mm).

 

 Les distances en mètres sont gravées sur le pourtour de la couronne de l’objectif de visée, ce qui simplifie le réglage, car l’image renvoyée sur la lentille (4x4cm) du viseur capuchon par le petit miroir ne permet pas, malgré la loupe escamotable, de régler la netteté avec précision. Heureusement, en abaissant le petit volet sur le dessus du capuchon, on peut tenter un cadrage de l’image (c’est le viseur « iconomètre », un mot bien savant qui cache la rusticité du procédé : faire coïncider deux rectangles complètement flous, bon je suis méchant en gros un cadrage est réalisable, mais attention à la parallaxe pour les sujets proches). Toutes ces manœuvres paraissent bien compliquées, mais elles sont plus faciles à faire qu’à expliquer, surtout pour un amateur photographe ayant déjà une petite expérience des appareils dépourvus d’automatismes électroniques.

 

 Il faut bien sûr choisir vitesse et diaphragme, le posemètre de l’appareil n’est pas fourni avec puisque le constructeur a supposé qu’il était en vous, beau temps f :8 au 125°, la suite on la connaît, chaque cran pour le diaphragme dans le sens 5,6, 8, 11, 16, 22 divise l’exposition par 2. Chaque cran des vitesses dans le sens 1/10°, 1/25°, 1/50°, 1/100° divise l’exposition par 2. Les films modernes, type Ilford FP4 ont une latitude de pose suffisante, et les erreurs d’exposition sont facilement corrigées.

 

 Par rapport au Lubitel, on a perdu le 1/250°. C’est dommage, car la photographie de sujets en mouvement devient impossible.

 

 Un mot encore pour les bricoleurs : les lentilles frontales des objectifs étant très exposées, deux pare soleils sont nécessaires. Malgré tous mes efforts, je n’en ai pas encore trouvé d’un diamètre de 26mm. Il faudra que je m’y mette un jour : carton ou Canson noir, découpage, collage… bien délicat tout ça. Pour l’instant, je sors le Spoutnik quand nous sommes deux. Ma compagne s’approche, s’approche, s’approche… jusqu’à ce que je crie : « Stop ! tu es entrée dans le champ de visée ! » Alors elle recule d’un pas ou deux , ne laissant que les objectifs dans l’ombre.

 

 Conseils : le levier du déclencheur est le même que celui du Lubitel, autrement dit minuscule et très sensible : pour éviter tout risque de bougé, le déclencheur souple est indispensable.

 Le chargement est très simple, comme dans tous les reflex 6x6 bi objectifs. L’armement étant indépendant de l’avancement du film, attention aux doubles expositions ! J’ai pris l’habitude d’avancer la pellicule juste avant de prendre la vue suivante.

 La lucarne derrière laquelle défilent les numéros des vues est située à l’arrière bien sûr, mais à gauche : il faut donc s’arrêter aux chiffres 1-3-5-7-9-11 et jamais sur les chiffres pairs car ils indiquent les vues prises par le deuxième objectif.

 

le pont de Descartes.jpg

 

cliché M.Pourny

 

 Voici le pont Henri IV sur la Creuse à Descartes. Il était sur la ligne de démarcation pendant la dernière guerre. C’est le tirage 18x24 d’un cliché sur film FP4. L’effet en stéréo est saisissant. C’est le type de sujet (en perspective ou disposé sur différents plans) qui produit le meilleur effet stéréoscopique.  

 

la visionneuse.jpg

 

cliché M.Pourny

 

Les deux clichés simultanés du pont de Descartes sont tirés par contact (format 5,5x5,5cm) et collés sur papier Canson, séparés de 5mm. La visionneuse, qui est un "bijou" de famille était bien appréciée des photographes dans les années d'après guerre, car la stéréoscopie comptait de nombreux amateurs. Le relief obtenu à partir de certaines images est spectaculaire.

 

Malheureusement, malgré les efforts des informaticiens, l’écran des ordinateurs modernes en est resté à la représentation des images sur un seul plan. Très en retard par rapport aux immenses potentialités de la photographie argentique. A suivre.

 

§ 



03/01/2014
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