Ohad Yahalomi,  Ofer Kalderon

 

 
365 jours

 

 

 

 

 

 

 

 

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Marzieh Hamidi

 

 

 

 

 

« Chaque matin, quand j'ouvre mon compte Instagram ou Twitter, je découvre des messages terribles. Ils m'envoient des photos de leurs sexes, des messages vocaux : « Je veux te violer » Je dois affronter toute cette violence chaque jour, mais si je laisse tomber, si je reste à la maison, que je pleure et que j'ai peur, ce sont eux qui gagnent ! » (source : RFI, 12 septembre 2024)

 

 

 Ces mots sont de Marzieh Hamidi, une femme afghane réfugiée en France sous protection policière. Réfugiée, non seulement parce qu’elle est une femme, mais parce qu’elle combat la dictature des talibans dans son pays et le sort terrible qu’ils réservent aux femmes en leur imposant de se cacher les yeux, en leur interdisant de s’instruire et de pratiquer le sport.

 

 

 Aujourd’hui, par son combat courageux, Marzieh Hamidi risque sa vie dans notre pays. Le plus inquiétant, c’est que les menaces de viol et de mort qu’elle reçoit viennent du monde entier. Inquiétant, parce que cela montre l’étendue du fléau incarné par l’islamisme.

 

 

 Croyez-vous que ceux qui hurlent ici contre les violences policières ont prononcé un seul mot pour la défendre ? Non. Croyez-vous que les associations féministes ont manifesté leur soutien à cette militante ? Non. Croyez-vous que les radios et les chaînes de télévision l’ont invitée sur leurs plateaux ? Pour la plupart, non.

 

 

 Comme le disait Jérémie : Ils ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et ils n’entendent pas. Mais jusqu’à quand ? Ils ont voué les candidats du Rassemblement national aux gémonies, ont répété sur toutes les chaînes que le fascisme menaçait la France, et voilà qu’au moment où une femme est menacée de mort par la plus monstrueuse des tyrannies, voilà qu’ils se taisent.

 

 

 

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Les faits sont simples, elle les a dits

 

 

 

 Il faut accepter cette pensée selon laquelle un jour tous les problèmes seront résolus. L’idée d’un Grand Soir est tellement séduisante qu’on ne peut s’en débarrasser. Parce que nous vivons perpétuellement dans le projet, il nous est difficile de ne pas croire qu’il fera beau dimanche. Et qu’un jour, après avoir vécu le pire, les choses vont s’arranger. Même les plus mécréants des humains, croient encore en quelque chose, une bonne étoile, un renversement de situation, ou simplement une amélioration de la météo.

 

 Pour écrire cela, il ne faudrait pas avoir entendu les propos de cette dame qui a perdu son mari dans des conditions tragiques. Gendarme tué par un délinquant récidiviste. Les faits sont simples, elle les a dits, dans un langage d’une clarté limpide. Un langage que nous n’avions pas entendu depuis des années. Pour elle, pour ses enfants, la bonne étoile et l’espoir sont des mots qui n’ont aucun sens.

 

 Pourtant, après un tel drame, il y a encore aujourd’hui des idéologues pour excuser la délinquance.  Pour cela, qu’y a-t-il de plus pratique que l’explication sociologique ? Ils sont pauvres, donc…Déjà enfant, il a été violenté par son père, donc…Il vient d’un quartier où la règle est celle du plus fort, donc… C’est la vieille idée selon laquelle « Nous n’y sommes pour rien », une idée très ancienne. « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » disait Jésus (Luc 23 : 34). Pas très différent de ce que disait Marx « Ce n’est pas la conscience qui détermine notre être, mais l’être social qui détermine la conscience ». Il ajoutait que les hommes faisaient leur propre histoire, mais dans des conditions non déterminées par eux-mêmes, ce qui revient à nier toute idée de liberté. Les hommes n’étant que les membres d’un « troupeau », d’une « classe sociale », ou selon certains aujourd’hui, d’une « ethnie », d’une catégorie… d’un « peuple colonisé »…leurs actions seraient déterminées exclusivement par cette appartenance. L’individu disparaît derrière le groupe. Ce n’est pas lui qui pense, pas lui qui délibère. On est individu par intérim, réduit à un espace où circulent non plus des idées, mais les revendications et les colères d’une troupe, porte-parole parfois de millions de gens présentés comme des victimes. Un enfant non encore né sera considéré plus tard comme le descendant d’un peuple colonisé ou, par malchance, d’un peuple colonisateur ! Quelle horreur !

 

 Plutôt que le Grand Soir -on se demande même s’il faut le souhaiter, vu le comportement inquiétant de ceux qui le prônent- que vienne le jour où l’on ne jugera plus les hommes pour ce qu’ils sont, mais pour ce qu’ils font.

 

 Quand celui qui a utilisé sa voiture comme une arme sera jugé, on pourra encore entendre les banalités d’usage, que la mort d’un homme est une tragédie, que c’est un acte inacceptable, que la justice sera implacable et que le juge n’aura pas la main qui tremble. Mais le juge aura toujours au fond de lui cette petite voix qui lui demandera : toi qui juges, es-tu bien sûr que cet homme à la barre est pleinement responsable de ses actes ?  Est-il besoin de rappeler que Sarah Halimi a perdu la vie, victime d’un homme en proie à « une bouffée délirante aigüe, diagnostic absolument irrécusable » selon le psychiatre ?

 

 

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Hurler ou réfléchir

 

 

 

 

 Au lieu de se perdre en sarcasmes contre l’extrême droite, il faudrait se demander pourquoi dix millions d’électeurs accordent leurs suffrages au Rassemblement national.

 

 Mais « se demander pourquoi », c’est réfléchir. Une activité difficile, surtout si elle risque de mettre en cause ses propres convictions. Nietzsche disait que celles-ci sont pires que les mensonges. En outre, crier dans la rue « Le fascisme ne passera pas » est bon pour la conscience, avec l’impression d’agir contre le diable.

 

 Depuis environ cinquante ans, de gouvernement en gouvernement, l’état a rendu les armes. Sous la dictature idéologique d’une gauche qui interdit d’interdire, qui confond liberté et laisser faire, islamophobie et racisme, qui ne voit dans le maintien de l’ordre que des violences policières, et qui juge les manifestations de rue plus démocratiques que les consultations électorales, la majorité des élus de la république se sont rendus involontairement complices des pires ennemis de la démocratie.  

 

 On pourra hurler pendant des années encore « le fascisme ne passera pas », si personne n’ose changer le cap, remettre le pays sur les rails, il n’est pas impossible qu’un jour le fascisme passe.

 

 

 

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Naufrage

 

 

 Je vais sans doute choquer certains de mes lecteurs, mais on ne peut s’empêcher parfois de dire ce qu’on a sur le cœur. Voilà. Depuis quelques années, l’extrême gauche montre un visage qui n’a rien, absolument rien à voir avec ses origines, plus précisément avec les idées révolutionnaires. Qu’elle ait rompu avec les principes énoncés par ses maîtres à penser, ce n’est pas le plus grave. Penser et préparer la révolution suppose d’ailleurs qu’on refuse toute obéissance aux dogmes. Le problème est ailleurs et bien plus profond.

 

 L’extrême gauche a rompu ses liens avec la classe ouvrière. Depuis plus d’un siècle et demi, cette dernière était la base, le pilier, la raison d’être de la pensée révolutionnaire. On ne pouvait concevoir le socialisme comme un sujet de conversation dans des salons où l’on cause, ni comme une opinion parmi d’autres : car il en allait du sort de l’humanité. De l’émancipation de la classe ouvrière, de son appropriation des moyens de production dépendaient l’avenir des peuples, le bonheur sur terre. Les premiers socialistes se sont efforcés sans relâche de défendre les revendications des travailleurs, de favoriser la création d’associations et de syndicats, sans jamais oublier que ce combat contribuait à créer et développer la conscience de classe, car rien ne pouvait être obtenu des capitalistes sans l’unité de ceux qui se battaient pour vivre. Unité dans l’atelier, dans l’usine, unité au niveau planétaire : Prolétaires de tous les pays unissez-vous !

 

 Le mouvement ouvrier a connu des succès indéniables. Mais la progression des salaires, l’amélioration des conditions de travail, la sécurité sociale, les congés payés n’ont pu être obtenus qu’au prix de luttes, de grèves et de sacrifices, parfois jusqu’à la mort dans des affrontements avec les forces de l’ordre, ordre d’un monde injuste, inégalitaire aux mains d’une minorité d’hommes propriétaires de tout. Certains succès ont éveillé l’espoir de voir changer les choses. La révolution russe, qui coïncidait avec la fin de la guerre meurtrière de 1914-18 montra pour la première fois qu’un peuple résolu, organisé, pouvait tenter de mettre un terme à l’exploitation de l’homme par l’homme.

 

 Comment aurait-on pu imaginer une suite aussi tragique ? Comment aurait-on pu prévoir que la classe ouvrière pour la première fois victorieuse allait porter au sommet de son état une bande de bureaucrates sans foi ni loi, n’ayant d’autre ambition que de se maintenir au pouvoir par des manipulations et la violence, en profitant de tous ses avantages, cela au prix de famines, de déportations et de millions de victimes, par l’instauration d’un système policier impitoyable ? Qui aurait imaginé cela au mois d’octobre 1917 ?

 

 Même en 1989 quand tout a implosé, il y avait des gens pour y croire encore. Va-t-on leur reprocher quand on sait que pour beaucoup de travailleurs, militants, sympathisants communistes, socialistes et même sans partis, l’URSS et les « démocraties populaires » étaient annonciatrices d’un monde nouveau en construction, alliant progrès social et amitié entre les peuples ? La déception fut à la mesure de l’immense espoir que 1917 avait suscité. La chute du mur de Berlin et du rideau de fer plongea des millions de gens de gauche, ici en occident, dans le désarroi. Même les trotskistes qui avaient espéré une révolution politique et la fin du stalinisme ont dû reconnaître que les événements n’allaient pas dans le « bon » sens de l’Histoire. Dans les faits, le programme de la Quatrième internationale ne s’était pas vérifié. Et le plus insupportable pour la gauche tout entière fut de reconnaître la victoire du capitalisme.

 

 Le mur est tombé. Comme ces maisons en construction d’où sortent des fers à béton rouillés et qui restent comme cela, abandonnées et tristes car on ne peut s’empêcher de penser qu’une famille en avait fait un projet pour la vie, et puis la vie en décida autrement, comme ces ruines qu’on rencontre dans des lieux déshérités, le communisme n’a pas été édifié. A-t-il seulement commencé à l’être ? Alors des millions de gens se frottent les yeux, se disent que tout est foutu. Beaucoup plus que cela : c’est leur combat, leur foi, leur vie qui s’écroulent. Non seulement il n’y a plus rien, mais on s’est trompé. Tout ça pour ça. Terrible. Peut-on avec des mots commenter  la profondeur de leur désespoir ? Seul peut-être le théâtre pourrait le faire.

 

 C’est d’ailleurs ce qui se passe aujourd’hui. Nos nostalgiques ont tout perdu, leurs illusions et la classe ouvrière. Désorientés, en pleine démocratie ils jouent aux antifascistes, s’inventent de nouveaux idéaux, renouent avec l’éternel antisémitisme. Dépourvus de toute base sociale, ils se cherchent un nouveau prolétariat dans les populations issues de l’immigration, et là…ils rencontrent le pire ennemi de la classe ouvrière : le fondamentalisme religieux. Mais ce qu’ils semblent ignorer, c’est que si ce dernier l’emporte un jour, il ne fera de cadeau à personne, même à l’extrême gauche.

 

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Rien ne change

 

 

 

 

 

 Je me rappelle un temps où, pour ne pas nuire à l’union de la gauche, il était malvenu sur les plateaux de télévision d’évoquer la sortie du livre de Soljenitsyne “L’archipel du goulag”. Aussi beaucoup de socialistes ont gardé le silence car c’était pour la bonne cause : sauvegarder l’unité pour battre la droite.

 

 

 

 Depuis une cinquantaine d’années, combien de fois a-t-on entendu cet argument : « Avant tout battre la droite ! » Certes la droite n’a jamais été blanche comme neige, mais au moins a-t-elle rempli un important rôle dans l’histoire : permettre à son adversaire toutes les compromissions, les accords de façade, et les mensonges pas toujours par omission, y compris le plus grave : cacher les crimes du communisme dans le seul but de gagner les élections grâce à l’unité du camp « progressiste ».

 

 

 

 Qu’on ne s’étonne pas aujourd’hui de voir des partis politiques inconciliables se rabibocher en une demi-journée. Cette fois, ce n’est pas en cachant les crimes commis au pays des soviets, mais en feignant d’oublier l’antisémitisme d’un parti grâce auquel ici et là on pourra conserver un siège. Rien de nouveau sous le soleil. Pour une grande partie du personnel politique, les convictions sont peu de choses.

 

 

 

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La mémoire qui flanche

 

 

 Les propos antisémites de Jean-Marie Le Pen prononcés il y a trente ans il ne faut pas les oublier. Par contre, on peut tirer un trait sur ceux dits et répétés depuis le 7 octobre par plusieurs membres de la mouvance « insoumise ». Quelques jours auront suffi pour oublier les jeux de mots sur les camps, les « meurtres » (je ne peux évoquer le terme exact, c’est trop dur) de bébés dont seul Israël serait coupable, les flèches pointées sur des personnes de confession ou d’origine juives, l’absence assumée à la manifestation contre l’antisémitisme…

 

 Comme au temps de la parution de « L’archipel du Goulag », quand, pour éviter de faire exploser l’union de la gauche, il ne fallait pas évoquer les crimes du communisme, aujourd’hui au nom de la même union de la gauche, tout peut s’oublier.

 

 Comment un citoyen de ce pays peut-il apporter quelque crédit à des gens de si peu de foi ? Qui n’agissent qu’en fonction de leur propre avenir politique ?

 

 

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Comment peut-on en arriver à une telle haine ?

 

 

 Un candidat qui se couvre de son drapeau au passage de la chanteuse Eden Golan, des huées pendant la prestation de celle-ci, une autre qui fait semblant de dormir, des manifestations monstres dans les rues de Malmö, drapeaux palestiniens en tête, celui d’Israël piétiné… Et puis en France dans les médias, à de rares exceptions près, ce silence insupportable, et quand il est rompu, des commentaires qui évitent d’évoquer les paroles de la chanson et la référence au pogrom du 7 octobre, une date que, si rien ne se passe, seuls les juifs n’oublieront pas.

 

 On disait il y a quelques années que l’antisémitisme était l’affaire de tous, ce n’est plus le cas aujourd’hui, sauf pour quelques humains courageux qui ont gardé quelques notions d’histoire.

 

 S’il y a des gens qui souffrent à Gaza, il y en a aussi en Afrique, au Soudan, en Iran, en Chine, en Corée du nord et en Afghanistan. Pourquoi n’en parle-t-on pas ? Ou si peu ?

 On s’indigne quand l’état d’Israël est en cause. Impossible de ne pas voir un mobile antisémite dans cette indignation. 

 

 

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Islamophobie 

 

 

 

 

 Je ne comprends pas la tolérance dont font preuve les politiques et les médias à l’égard des intégristes religieux. Ces illuminés qui prennent à la lettre les textes « sacrés » sont des gens dangereux, des ennemis du genre humain. Convertir ou éliminer, voilà toute la sainteté de leur guerre. C’est pourquoi je ne partage pas ce mot d’un ancien président de la république :

 

 

« L’islamophobie est condamnable, c’est du racisme ».

 

 

 Et alors ? L’islam n’est pas une race. L’islam n’est pas une nation. L’islam n’est pas un peuple. La peur de l’étranger est irrationnelle et dangereuse et conduit au racisme. Mais craindre des préceptes, des dogmes, des pratiques inégalitaires, violentes, guerrières est une attitude tout à fait compréhensible. On peut nouer des liens d’amitié avec des étrangers et craindre le fanatisme. A l’inverse, il peut arriver que les pratiquants d’une religion soient xénophobes. On peut être athée et aimer l’humanité. On peut être islamophobe et fréquenter des amis asiatiques, iraniens, indiens, arabes, kabyles, français, blancs, noirs, jaunes, rouges, africains, asiatiques, américains du nord et du sud, européens. On peut être anticlérical et fréquenter les mêmes.

 Je revendique le droit d’afficher, de manifester mon islamophobie. Pour moi, il n’y a pas de pays catholiques, protestants, bouddhistes, musulmans, animistes, orthodoxes… D’abord, un pays, ça ne sait pas lire, ça ne prie pas, ça ne défile pas derrière des idoles, ça ne voile pas les femmes, ça ne s’enchaîne pas aux grilles des cliniques où l’on pratique l’avortement. Pour moi, il n’y a pas plus de peuple catholique, protestant… D’ailleurs, les gens sont si différents, que je me demande encore ce qu’est un pays, ce qu’est un peuple. On peut se sentir plus proche d’un étranger dont la langue nous est incompréhensible que d’un voisin de palier français de souche. Et inversement.

 Les religions exploitent à fond l’ignorance… allez disons le mot : la bêtise humaine. Le problème avec cette dernière, c’est qu’elle n’a pas de couleur de peau, elle n’a pas non plus de frontière. Malheureusement, car si la bêtise avait sa nation, son état, son peuple, on pourrait la montrer du doigt et rigoler un bon coup. Mais elle se répand, et apparaît quelquefois là où on l’attend le moins, chez des gens très instruits par exemple, cultivés même, et tout près de chez nous. Ces gens s’en prennent à qui ?

 

 Alors qu’un professeur a été tué pour avoir montré des caricatures de Mahomet à ses élèves, des gens instruits, informés, cultivés qui parlent dans la radio s’en prennent à qui ? A la violence ! Les mêmes passent en cortège et prônent l’apaisement dans des marches « blanches ». L’église pourtant meurtrie appelle aussi à la paix, prière en plus. Autant d’attitudes lâches de gens qui ne veulent pas voir, qui ne veulent pas nommer l’ennemi. Et quand par pur hasard, par inadvertance celui-ci est nommé sur un plateau de télé, c’est aussitôt pour le dédouaner en invoquant la misère dans les quartiers, le chômage, l’impuissance des parents, le manque d’éducation, le manque de moyens pour l’école, la disparition des services publics. Bref le coupable, c’est le capitalisme, l’occident colonisateur et raciste qui se croit dispensateur des lumières mais qui en réalité voudrait imposer ses lois au reste du monde. Pour cette idéologie du renoncement, les victimes réelles ne sont pas loin d’être les auteurs des attentats.

 

 

On assiste à une sombre manipulation, selon le procédé du « Turnspeech » cher aux négationnistes :

 

« La Shoah réelle, c’est celle qui se déroule sous nos yeux dans les territoires palestiniens sous la botte israélienne ».

 

 

 Jusqu’où faudra-t-il aller dans l’horreur pour voir nos intellectuels de gauche –une certaine gauche- désigner l’ennemi et le combattre ? J’ai peu d’espoir. On sait à quel point la chute du communisme pour eux a été d’autant plus dure qu’elle signifiait du même coup la victoire du Satan capitaliste. Si maintenant on leur enlève l’électorat qui les écoute encore, ces jeunes et moins jeunes des quartiers déjà bien islamisés, ce prolétariat de substitution, que leur restera-t-il ?

 

 Mais peut-être avons-nous d’autres ressources, des gens qui, sans parler dans le poste, feront leur travail d’explication, n’hésiteront pas à affronter les sujets qui font des vagues, bref des gens courageux qui sauront ne pas fermer les yeux devant l’évidence. Regardez Samuel Paty.

 


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Sur le droit de se défendre

 

 Donc, l’Iran aurait le droit de se défendre. Les auteurs de cette idée lumineuse n'ont pas de mots assez durs pour condamner (en France) les agissements inacceptables de certains hommes envers les femmes...avant même tout jugement rendu par la justice. Pour eux, la présomption d’innocence n’existe pas. Sauf en Iran. Quand là-bas la dictature condamne et tue les personnes qui se décoiffent, ici on ferme les yeux et on se bouche les oreilles.

 

 Laissons faire les mollahs, faisons-leur confiance. Peut-être sont-ils les hérauts d’un monde nouveau, une société enfin à échelle humaine dont les drones chargés de bombes envoyés sur Israël sont les premiers signes annonciateurs ?

 

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Être de gauche

 

 

 

 La droite fait chaque jour un peu plus son plein d'incompétence, comme si l'histoire de France au siècle précédent ne lui en avait pas donné assez. Faut-il rappeler aussi qu'elle compte dans ses rangs quelques personnes peu estimables, financièrement non patriotes, très attachées à leurs biens dont l'origine n'est pas toujours avouable. Comme ce n'est pas le cas de tous, on pourrait encore glisser un peu d'espoir dans les déclarations programmatiques d'une droite républicaine honnête et soucieuse de l'avenir du pays. Ce serait sans compter avec cette antienne qui s'accroche à la France comme la misère sur le monde: la droite c'est l'argent, l'argent c'est le mal.

 

 Dans une société dont personne n'est plus capable de dire où elle va (et même parfois d'où elle vient, tentez l'expérience, on vous qualifiera de nostalgique, une injure) les seules choses qui valent encore le coup de croire et s'engager bourgeonnent dans le dernier carré du petit jardin, profond au plus profond de nous. Conscience, la bonne conscience. C'est dans ces parages que la gauche survit, qu'elle trouve encore du grain à moudre.

 

 Il est à noter que les personnes qui montent en première ligne pour défendre l'opprimé ne sont jamais des travailleurs, des exploités, des chômeurs, encore moins des pauvres. Pourquoi? D'abord parce que les héros ont du temps à perdre. Ils ont la culture, ils ont les livres. Nombre d'entre eux ont l'accès aux médias. Philosophes, écrivains, artistes, cinéastes, comédiens, chanteurs et humoristes à 99,99% tiennent le même discours compassionnel: il faut en finir avec la misère, mettre tout le monde sous un toit, donner les moyens de se nourrir, éduquer, éduquer encore. Car les révolutions n'ont pas tenu leurs promesses. Cela fait un siècle et demi que le capitalisme répand la misère sur le monde et que les forces qui prétendaient le terrasser ont échoué lamentablement en créant des situations pires. L'idéal révolutionnaire à l'image de ses émules n'a plus vingt ans. Mieux rompu à la course, le vieux monde l'a rattrapé. Dépité, drapeau rouge en berne, que reste-t-il au vieux militant de ses amours? Des livres, des souvenirs, des guerres (sans arme ouh la la!!) à raconter. Quoi d'autre? En dernier recours: le combat (verbal) contre l'extrême droite. Entre une soirée théâtrale et une expo à ne pas manquer, le gauchiste ordinaire joue un rôle dans un domaine où il est le recordman du monde: celui de l'offusqué.

 

 Drapé dans sa tunique fleurant bon la tolérance, l'amour et la paix entre les peuples, le bourgeois bohème s'avance et parle. Il est l'avocat de l'humanité tout entière. Lui qui n'a jamais subi ni même vécu sous régime fasciste, il sait la menace et nous la rappelle à toute occasion. Mais l'acuité de son regard a des limites qui lui sont imposées par un système de pensée. Dirai-je son dogme? Il voit derrière des lunettes qui partagent définitivement et indiscutablement le monde entre le bien et le mal. Le bien reste toujours à définir, le passé douloureux de l'expérience socialiste incite le plus performant des idéologues à la modestie.

 Le mal est plus facile à cerner: l'argent, le patron, le capital, le capitalisme, l'impérialisme et pendant qu'on y est: l'Occident. Ce qui permet de faire passer les pires idéologies réactionnaires pour des forces de progrès, puisque opposées au Satan occidental. Et les barbares qui tuent au nom de dieu ont l'habileté de tenir un langage semblable mettant dans le même sac pouvoir de l'argent, impérialisme colonisateur et mœurs dissolues.

 Comment peut-on espérer quelque chose de ces orateurs sans talent? Ils sont dans la république ce que les dames de charité étaient au temps des rois. Une soupape. Comment pourrait-on en vouloir à ce petit bourgeois avec un cœur gros comme ça? Chapeau vissé sur la tête, écharpe rouge et Libération sous le bras sont des preuves de son existence. Ces gens-là ne manifestent pas. Ils se manifestent. Ils vivent au plus loin de la banlieue derrière une porte blindée protégée par une alarme, mais ils savent ce que c'est que la délinquance, sans toutefois tomber dans le piège du tout sécuritaire. Ils ne sont jamais dans le doute. Comme leurs maîtres à penser qui fermaient les yeux ou feignaient l'étonnement quand les chars d'assaut faisaient la loi dans le monde socialiste ils ne savent pas qu'en France aujourd'hui il nous faut accepter les prières de rues, des horaires séparés pour les femmes dans certains lieux publics, des enseignements adaptés pour ne froisser personne à l'école, ils ne savent rien de tout ça. Et quand il leur faut se rendre à l'évidence, ils trouvent encore les mots, les expressions qui rabibochent, comme quoi tout va s'arranger, le problème n'est pas là, cessons les crispations, apprenons à vivre ensemble. Ils sont même capables de plaider la pire des causes religieuses, sombrant dans l'anti-féminisme et l'antisémitisme, s'il faut en arriver là pour qu'ils existent encore. Si le terrorisme islamique ne les bouleverse pas, c'est la riposte israélienne à Gaza qui les fait descendre dans la rue.

 

 Être de gauche aujourd'hui, bien sûr que c'est possible, et ces pantins de la politique nous manqueraient s'ils n'existaient pas. Au risque de choquer je dirai même qu'ils sont excusables. Quand on juge les gens, il faut tout mettre dans la balance. Se rendre compte que pour eux le siècle passé a été rude. Le monde nouveau qu'ils avaient espéré s'est écroulé comme un château de cartes. Leurs idoles ont été descellées. Partout les efforts pour en finir avec l'exploitation de l'homme par l'homme ont été vains. Leurs modèles disparus, coupés de leurs racines, mis à l'écart d'une classe ouvrière diminuée qui ne croit plus en rien, ils trouvent refuge dans les médias, le spectacle, la représentation et l'humanisme à trois sous. Être de gauche c'est être auprès des opprimés... par le coeur. Ils pourraient presque nous émouvoir s'il n'y avait tout près d'ici et de chez vous cet homme que vous rencontrerez un jour qui a tout perdu, emploi, femme, maison, collègues, camarades, qui vous montre ses fleurs, en massifs devant son mobil home.

 

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