Fatima, Pierre Emmanuel, Ange Gabrielle et Mourad

 

 J’ai été étonné d’apprendre que des jeunes en mal d’école, déscolarisés comme on dit, en un mot des délinquants, mais ce mot n’a plus cours, il faut dire : des jeunes vivant leur mal-être dans les quartiers défavorisés, j’ai donc été étonné d’apprendre que certains d’entre eux avaient été envoyés en Mayenne et en Bretagne pour une tentative de réinsertion scolaire. Apparemment l’expérience a mal tourné, je n’entre pas dans les détails, les gens du pays se sont plaint de leurs agissements. Il faut dire aussi que leurs camarades de classe, enfants de gens du cru, n’ont pas été tendres avec eux, se demandant ce que la racaille du 93 venait bien faire ici. Bref, outrages, insultes, échauffourées (1).

 

 Quand je dis que j’ai été étonné, ce ne fut pas d’apprendre l’expérience elle-même somme toute louable. Qui refuserait que l’on donne une deuxième chance à des enfants dont les parents n’ont su faire qu’une chose : les mettre au monde ? Non, ce qui m’étonne, c’et que cette expérience a été tentée en province. Pourquoi envoyer ces enfants si loin ? D’abord cela coûte cher, mais il y a autre chose.

 

 Sans mettre en doute la compétence des enseignants mayennais et bretons, il y a à quelques kilomètres du département 93 une cité détentrice de toutes les richesses matérielles certes, mais surtout spirituelles et morales : Paris. La capitale de la France compte elle aussi de très bons professeurs qui enseignent dans d’excellentes écoles, de très bons collèges et des lycées réputés. A tel point que les gens de la bonne société y placent leurs enfants. Et comme ces gens appartiennent souvent au monde politique, on sait à quel point ces personnes ont le sens de la fraternité, qui pourrait croire qu’elles n’accueillent pas favorablement l’idée que leurs filles et leurs fils s’acoquinent avec des jeunes vivant leur mal-être dans les quartiers défavorisés ?

 

 Et là, loin du peuple intolérant, xénophobe et raciste de nos provinces, le « vivre ensemble » prendrait tout son sens, et qui sait ? Porte-drapeau de la diversité culturelle à la française, Fatima et Pierre Emmanuel apprendraient à se connaître, avant peut-être de s’engager pour la vie. Quant à Ange Gabrielle et Mourad, loin du tohu-bohu (2) des banlieues, enlacés à l’abri des grands arbres d’un jardin de Neuilly, ils choisiraient le prénom de leur premier bébé.

 

 

                                                                    §

 

 

(1) échauffourée n. f. Affrontement inopiné qui met aux prises de façon plus ou moins violente et confuse deux groupes d’adversaires. . MILIT Petit engagement de groupes isolés.

 © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001

 

 

(2) tohu-bohu [tyby] n. m. Confusion, désordre bruyant. La séance s’acheva dans le tohu-bohu. Des tohu-bohu(s).

 © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001

 

  



20/11/2010
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