Des millions de millions espèrent la venue de l'Homme

 

 

 L’extrême gauche, c’est l’extrême droite à l’envers, et inversement : ils n’ont rien à proposer, car ils savent que leur rêve totalitaire n’est pas partagé par la population, même par cette frange à laquelle ils s’adressent. Comme ils n’ont ni projet ni programme crédibles, ils cultivent la haine de l’autre, et d’abord du pouvoir en place, ce qui leur apporte ici ou là et toujours provisoirement quelques électeurs en colère, et leur permet de vivoter et même de reprendre des couleurs dans les périodes préélectorales. Mais attention, la situation sociale étant ce qu’elle est, les mécontents seront dans les temps qui viennent de plus en plus nombreux. Qui dit mécontents, dit colère, et celle-ci étant mauvaise conseillère, elle pourrait faire perdre la raison à grand nombre de nos concitoyens, cela s’est vu dans le passé pas loin de chez nous, et chez nous aussi. Le populisme a donc de l’avenir, au moins dans le discours.

 

 Car il leur arrive de dire des vérités, et de lutter pour de bonnes causes. Défendre le service public, réclamer des écoles, refuser la fermeture des centres hospitaliers : ne sont-ce pas là de bons combats ? Oui mais. Que proposent-ils ? Leur attitude est toujours négative. S’ils parvenaient un jour aux affaires –jeu de mot involontaire-, ils ne pourraient pas résoudre UN SEUL de ces problèmes, sauf à mettre l’économie du pays en péril. Des villageois qui manifestent pour le maintien d’une classe, du bureau de poste ou de la gare SNCF, qui oserait les accuser de mener un mauvais combat ? A ne pas confondre avec ceux qui, depuis Paris, bombardent sur le pays des slogans revendicatifs qu’ils jugeront irréalistes une fois parvenus au pouvoir. Le voilà le populisme.

 

 A l’autre bout de l’échiquier, on ose dire ce que des millions de citoyens pensent, envers et contre tous les médias. Oui, des milliers de propagandistes politiques de l’islam intégriste prennent possession des rues, bafouant les lois de la république. Oui. C’est une occupation. Mais le discours de l’extrême droite, même édulcoré, refait toujours surface, les vieux démons sont toujours là, toutes les occasions sont bonnes pour tirer un grand trait sur le passé, la collaboration avec les nazis, et bien sûr, car l’antisémitisme dans ce pays est toujours vivant, faire comme si rien de très grave n’était à retenir de ces années noires.

 

 Entre les deux, c’est le ventre mou de la république. La gauche se regarde dans la glace et se trouve belle. Championne toutes catégories pour les leçons de morale, elle n’est jamais tant à l’aise que dans l’opposition. Elle n’est tenue par aucun contrat sinon celui de plaire au peuple en assiégeant le château, où le Seigneur et ses gardes désemparés tentent de colmater les brèches en ponctionnant toujours un peu plus la population affamée. Les murailles se lézardent. Depuis le chemin de ronde les guetteurs, par les meurtrières osant un œil, scrutent l’horizon, espérant du renfort. Loin là-bas, au-delà des douves et des tours d’assaut, la brume ne laisse apparaître que catapultes et bombardes. Personne. Il ne faudra compter sur aucun secours.

 

 Le siège s’éternise.

 

 Et là-bas, à des miles et des lieues, par-delà les océans, terré dans le silence, l’ennemi, le vrai, le puissant attend son heure. Pour lui rien ne presse. Comme le château s’écroule, chaque jour qui passe rend un peu plus insupportable son absence. Sera-t-il le messie (1) tant attendu ? Regard tourné vers l’occident, des millions de millions espèrent la venue de l’Homme. Son pas lourd foulant nos rivages fera-t-il vibrer la France ? Saura-t-il rendre au peuple ce qui lui est dû, félicité, quiétude et art de vivre ? Certes oui, Il saura, ce messager des dieux…

 

 …à n’en pas douter, je l’ai entendu à la radio.  

 

 

 

 

                                                                                 §

 

 

(1) Messie : libérateur, rédempteur des péchés, envoyé par Dieu pour établir son royaume sur terre.

messie n. m. Fig. Par anal. avec le Messie, personne providentielle. ¶ Attendre qqn comme le Messie, en mettant en lui beaucoup d’espoir.

 © Hachette Multimédia / Hachette Livre, 2001

 



17/12/2010
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