Des escargots et des hommes

 

 

Un philosophe disait que l'homme vit dans le projet. Vous me direz, la femme a suffisamment à faire dans le présent entre les vaisselles, les lessives, le ménage, les courses, la toilette et l'habillage des enfants sans compter ses occupations professionnelles... bref revenons à l'homme. Vivre dans le projet c'est ce qui distingue l'homme des animaux. Vous n'imaginez pas un escargot se disant: tiens, la pluie menace, je vais faire une petite sortie. Certes il sort, parce que c'est dans sa nature, depuis des millions d'années les escargots sortent après la pluie. Il ne semble pas y avoir chez les mollusques gastéropodes terrestres la moindre trace de progrès que permettrait l'acquisition de connaissances. Coûte que coûte ils continueront à sortir après la pluie, quels que soient les lieux et les conditions de circulation, sans prendre garde aux charrois, aux calèches ou aux automobiles, indifférents au fort taux de mortalité qui les décime. Chez nous (l'homme) au contraire, bien que le progrès et la marche vers le bonheur ne suive pas une courbe invariablement ascendante, il peut arriver que l'histoire donne lieu à des éclairs de génie. On suppose que la pratique du feu fut le résultat d'un long cheminement de la pensée, joint à des facultés d'observation de phénomènes naturels comme la foudre et les incendies de forêt. Allez transposer cela chez les espèces même les plus évoluées de gatéropodes: impensable ! Alors qu'ils subissent la pluie et les orages, la foudre pourrait tomber des milliards de fois autour d'eux, jamais ils n'auront l'idée de produire une étincelle entre deux silex. Idem pour les mammifères. Apparemment ils n'inventent rien, ce qui n'est pas une preuve d'inintelligence, bien au contraire. L'homme ayant déjà tout inventé ou presque, ils n'ont pas à se torturer les méninges, pour ne prendre que l'exemple du feu, le minou pelotonné au pied de la cheminée aurait-il besoin d'aller inventer quelque chose qui existe déjà ?

 

Je parlais de l'homme, capable d'accumuler les acquis et de faire des progrès, il s'agit bien sûr de l'Homme en général. Il y a cinq cent mille ans, il n'y en a peut-être qu'un qui a pour la première fois allumé un feu. Les autres autour, ébaubis, se sont contenté de regarder. Et le pire, comme nous ne disposons d'aucun témoignage écrit, il n'est pas dit que cette découverte fondamentale ne fut pas l'oeuvre d'une femme. Ce qui me fait supposer cela, en dépit de tous les rires alentour, c'est que depuis les origines la femme est cantonnée aux tâches ménagères et qu'à force de faire la cuisine, il n'est pas impossible qu'elle eût l'idée un jour de cuire ce que son chasseur par monts et par vaux rapportait de ses campagnes. Donc les éclairs de génie, l'intelligence, la faculté d'observer, de comprendre et d'exploiter les phénomènes naturels sont propres à l'Homme en général, femme incluse. Je dis en général, car en examinant les choses de plus près, pour certains d'entre nous, la foudre pourrait tomber pendant des millions d'années sans que rien ne change. Je pense en particulier à ceux qui font le coup de feu. Il est plus facile de propulser des engins de mort ou de faire exploser une bombe que d'inventer quelque chose d'extraordinaire. Ce ne sont pas forcément les manipulateurs d'explosifs et les chasseurs du dimanche qui font des étincelles.

 

Pour revenir aux mammifères évolués comme les grands singes, il n'est pas impossible qu'un jour ils inventent quelque chose. Pour cela il faudrait qu'ils continuent d'exister, ce qui implique pour l'homme de faire encore quelque progrès. Ne serait-ce pas un pas en avant décisif pour l'humanité de voir un jour les gorilles, les éléphants, les dauphins et les baleines vivre dans le projet ?

 

 

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12/12/2014
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