C'est la pénurie !

 

  On manque de tout. De profs, de surveillants, de policiers, de gardiens de prisons, de médecins, d’infirmières, d’hôpitaux, de matériel médical.

 On manque d’écoles, on manque de classes.

 On manque aussi et surtout d’emplois, d’un travail bien rémunéré et près de chez soi.

 On manque d’air, du vrai, oxygéné, sans fumée toxique, sans particules chimiques ni oxyde de carbone.

 On manque de femmes et d’hommes politiques sincères et qui auraient le courage de dire ce qu’ils pensent.

 On manque cruellement de philosophes mais attention pas des je sais tout, non des philosophes, des amis de la sagesse, de ces bons vivants prêts à en découdre avec la bêtise humaine, on manque de clowns.

 Oui on manque de clowns, des vrais pas des bouffons, de ces êtres d’exception qui par le rire nous obligent à rire de nous-mêmes. Car le rire aujourd’hui n’est plus que moquerie et ricanement.

 On manque de respect, de politesse, de principes. Quel vilain mot principes et pourtant si certains de nos parents n’en avaient pas eu des principes, aujourd’hui nos moqueries et ricanements on les ferait sous le manteau, ou peut-être derrière les barreaux.

 On manque de mémoire. Quel plaisir ce serait d’entendre un élève de nos écoles lancer à la gueule d’un vieux connard antisémite : « Souviens-toi ! »

 Non seulement on manque de tout mais en plus on fait des régimes pour maigrir. On manque de jugeote.

 On manque d’esprit d’analyse.

 On manque d’esprit tout court. Même l’esprit d’équipe a foutu le camp celui-là on n’est pas obligé de le regretter.

 Une chose qui nous manque énormément, c’est le bon sens. La chose du monde pourtant la mieux partagée d’après le grand Descartes (bien avant Zidane, il a joué en équipe nationale jusqu’à la condamnation de Galilée pour dopage, puis comme avant centre en Hollande et en Suède). Avez-vous déjà vu dans les manifs un calicot sur lequel serait écrit en rouge : « Du bon sens, voilà ce que nous exigeons ! » ?

 On manque de bon sens. A commencer par moi. Car si j’avais été moins bête il y a longtemps que j’aurais replié le clavier et que je serais retourné dans mon labo tirer des paysages qui sont restés à l’état négatif depuis trente ans et des poussières. Mais non, j’insiste.

 

 Bon, tout ça ne serait pas encore trop grave, même s’il nous manque quelques profs, quelques policiers ou quelques hôpitaux. Ce serait encore supportable s’il ne nous manquait que la jugeote, des principes et des philosophes. Mais voilà qu’en plus on nous supprime le gasoil !

 

                                                                              §

 



23/10/2010
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