Tu m'avais dit: "C'est fini tout ça, il faut tourner la page!"
Il y a vingt ans, ému par la mort d'Ilan Halimi, j'avais publié cet article. Je le reproduis tel quel aujourd'hui.
Paris, le 12 juillet 1942. (PREFECTURE DE POLICE, Direction de la Police Municipale)
CONSIGNES POUR LES EQUIPES CHARGEES DES ARRESTATIONS
(source : La persécution des Juifs en France et dans les autres pays de l’ouest présentée par la France à Nuremberg, recueil de documents publié sous la direction de Henri Monneray, substitut au Tribunal militaire international, Paris, 1947, p.145 ; cité par Marrus et Paxton, Vichy et les Juifs)
1°) Les gardiens et inspecteurs, après avoir vérifié l’identité des Juifs qu’ils ont mission d’arrêter, n’ont pas à discuter les différentes observations qui peuvent être formulées par eux.
En cas de doute, ils les conduisent de toute façon au Centre, dont l’adresse leur sera donnée par le Commissaire de Voie Publique, et en s’assurant qu’ils ont bien pris les objets indiqués pluis loin ? Seul, le Commissaire de Voie Publique est qualifié pour examiner les situations. Pour les cas douteux, les gardiens mettent sur la fiche la mention « à revoir ».
2°) Ils n’ont pas à discuter non plus sur l’état de santé. Tout Juif à arrêter doit être conduit au Centre primaire.
3°) Les agents chargés de l’arrestation s’assurent, lorsque tous les occupants du logement sont à emmener, que les compteurs à gaz, de l’électricité et de l’eau sont bien fermés. Les animaux sont confiés au concierge.
4°) Lorsque tous les occupants du logement sont emmenés, les clés sont remises au concierge (s’il n’en existe pas, au plus proche voisin) en signalant que ce dernier est considéré comme responsable de la conservation des meubles, objets et effets restés dans le logement ? Dans les deux cas il sera mentionné, comme il sera indiqué plus loin, les nom et adresse de la personne dépositaire des clés.
5°) Les Juifs arrêtés devront se munir :
- a)de leur carte d’identité d’étranger, de tous autres papiers d’identité et de famille jugés utiles ;
- b)de leur carte d’alimentation, feuilles de tickets et cartes de textile ;
- c)des effets et ustensiles suivants :
2 couvertures, 1 paire de chaussures, 2 paires de chaussettes, 2 chemises, 2 caleçons, 1 vêtement de travail (ou usagé), 1 tricot ou pull-over, 1 paire de draps, 1 gamelle, 1 gobelet, 1 bidon (si possible), 1 jeu de couverts pour les repas, 1 nécessaire de toilette (le rasoir est autorisé) ;
- d)de deux jours de vivres au moins. Ils peuvent en emporter davantage s’ils le veulent (pas plus d’une valise grandeur moyenne, ne contenant que des provisions de bouche) ;
- e)les couvertures seront portées en bandoulière, les effets et objets de la liste ci-dessus seront placés dans un seul sac ou valise ; soit au total 2 valises ou paquets, dont 1 pour...
6°) Les enfants vivant avec la ou les personnes arrêtées seront emmenés en même temps, si aucun membre de la famille ne reste dans le logement. Ils ne doivent pas être confiés aux voisins.
7°) Les gardiens et inspecteurs sont responsables de l’exécution. Les opérations doivent être effectuées avec le maximum de rapidité, sans paroles inutiles et sans aucun commentaire.
8°) Les gardiens et inspecteurs chargés de l’arrestation rempliront les mentions figurant au dos de chacune des fiches :
indication de l’arrondissement ou de la circonscription du lieu d’arrestation ;
« Arrêté par » en indiquant les noms et services de chacun des gardiens et inspecteurs ayant opéré l’arrestation ;
le nom et l’adresse de la personne à qui les clés auront été remises ;
au cas de non arrestation seulement de l’individu mentionné sur la fiche, les raisons pour lesquelles elle n’a pu être faite et tous renseignements succins utiles ;
et selon le tableau ci-après :
SERVICE :
Agents capteurs :
Nom……………………………… Service…………………………………..
Nom……………………………… Service…………………………………..
Clés remises à M………………………………………………………………
N°……………. rue…………………………………………………………..
Renseignements en cas de non arrestation :
……………………………………………………………………………….
……………………………………………………………………………….
Le Directeur de la Police Municipale
Signé : Hennequin (3)
Arrêté du 13 octobre 1942
(Belgique, Nord et Pas-de-Calais)
Concernant la déclaration des objets appartenant à des Juifs et gardés actuellement par une tierce personne.
- Les personnes doivent remettre ces objets à la Kreiskommandantur.
- Cet arrêté n’est pas applicable aux administrateurs de biens juifs.
Loi du 9 novembre 1942
Par mesure de sécurité intérieure, tout étranger juif est astreint à résider sur le territoire de la commune où il a sa résidence habituelle et ne peut en sortir que muni d’un titre de circulation régulier, d’un sauf-conduit, ou d’une carte de circulation temporaire.
Loi n°1077 du 11 décembre 1942
relative à l’apposition de la mention « JUIF » sur les titres d’identité délivrés aux Israélites français et étrangers.
(source : Journal officiel, 12 décembre 1942, p.4058)
Le Chef du Gouvernement,
Vu les actes constitutionnels 12 et 12bis ;
Le conseil de cabinet entendu,
Décrétons :
Article 1°. Toute personne de race juive aux termes de la loi du 2 juin 1941 est tenue de se présenter dans un délai d’un mois à dater de la promulgation de la présente loi, au commissariat de police de sa résidence ou à défaut à la brigade de gendarmerie pour faire apposer la mention « juif » sur la carte d’identité dont elle est titulaire ou sur le titre en tenant lieu et sur la carte individuelle d’alimentation.
Article 2. Les infractions aux dispositions de l’article 1° de la présente loi seront punies d’une peine d’un mois à un an d’emprisonnement et d’une amende de 100 à 10000 F ou de l’une de ces deux peines seulement, sans préjudice du droit pour l’autorité administrative de prononcer l’internement du délinquant.
Toute fausse déclaration ayant eu pour objet de dissimuler l’appartenance à la race juive sera punie des mêmes peines.
Article 3. Le présent décret sera publié au Journal officiel et exécuté comme loi de l’Etat.
Fait à Vichy le 11 décembre 1942.
Pierre Laval.
Arrêté du 11 mai 1943
Les contributions volontaires des Juifs à l’U.G.I.F. pourront être prélevées sur leurs comptes bloqués.
Pour faire face à l’insuffisance des contributions volontaires, les taxations suivantes sont imposées à la communauté.
Tous les Juifs de 18 ans au moins doivent payer 120 F en zone occupée et 360 F en zone non occupée par an.
Le paiement de la cotisation sera constaté par l’apposition d’une vignette sur une carte spéciale.
Les versements peuvent être trimestriels ou semestriels.
La carte spéciale doit être jointe à la carte d’identité et présentée à toute réquisition.
(1) Sur le port de l’étoile : malgré les demandes insistantes des autorités allemandes et la complaisance de Darquier de Pellepoix, il ne fut jamais imposé en zone non occupée, même lorsque l’occupation militaire s’étendit à toute la France en novembre 1942. A ce signe ostensible, discriminatoire et humiliant pour les Juifs, le gouvernement de Vichy préféra ordonner, en décembre 1942 l’apposition de la mention « juif » sur les documents d’identité et la carte d’alimentation. Mesure de clémence ? Une mesure en tout cas tout aussi efficace en vue de l’objectif final : la déportation. En outre, des signes inquiétants de solidarité de la population française avec les personnes porteuses de l’étoile se manifestaient en zone nord, surtout quand il s’agissait d’enfants, de voisins, d’anciens combattants…Cela donnait à réfléchir à Vichy, et les Allemands n’insistèrent pas, préférant rester en bonne entente avec la police française… on comprend pourquoi.
(2) Sous le titre : L’abondance des Juifs sur les trottoirs parisiens a ouvert les yeux des plus aveugles, le journal collaborationniste « Le Matin » publiait cet article :
« Une promenade dominicale… Mais une promenade surprenante, stupéfiante !
A mesure que vos pas vous conduisent vers l’Hôtel de Ville, par les vieilles rues aux noms qui sentent encore le moyen âge, vous apercevez, de-ci de-là quelques unes des fameuses étoiles jaunes nouvellement imposées aux Juifs.
Mais dès que vous pénétrez dans ce qu’on peut appeler le ghetto de Paris, dont l’artère principale est la rue des Rosiers, ces signes distinctifs deviennent plus nombreux. Puis, pour peu que vous persistiez dans vos allées et venues, cela devient une obsession et vous apercevez au bout de peu de temps que vous êtes, vous l’aryen qui ne portez pas l’insigne, l’objet de la curiosité générale.
Mais quittez ce quartier et gagnez les boulevards. Là, dès les premières heures de l’après-midi, les étoiles apparaissent.
Seuls ou par petits groupes, les Juifs de Paris se promènent. Ils marchent tous dans la même direction : celle de l’ouest, celle des Champs-Elysées.
Leur passage devient d’instant en instant plus fréquent. Ils abondent. C’est un véritable pullulement que le vrai parisien contemple avec stupéfaction. »
(3) Les 16 et 17 juillet 1942 eut lieu l’opération dite « Vent printanier » menée par la police française. Des milliers de Juifs parisiens furent arrêtés et internés au Vélodrome d’Hiver et à Drancy dans des conditions inhumaines.
Sous le titre « Nos enfants domestiques des Juifs » le journal collaborationniste « Le Pilori » publiait cet article le 23 juillet 1942 :
« Une nouvelle stupéfiante nous parvient en dernière heure. A l’instigation de la Croix-rouge française et d’accord avec M. Lamirand, sous-secrétaire d’Etat à la jeunesse, M. Hémon (adjoint de M. de Roscouet, chef du Commissariat au Travail des Jeunes) aurait donné l’ordre formel à divers Centres de Jeunesse de la région parisienne de former des équipes de jeunes gens, d’enfants de quinze ans pour se rendre en uniforme au Palais des Sports (ex Vel’d’Hiv), boulevard de Grenelle, où se trouvent parqués plusieurs milliers de Juifs, afin de procéder au nettoyage de l’immense bâtiment, enlever les ordures des Juifs, traîner les poubelles, transporter sur des civières des malades, s’il y a lieu, colporter les vivres et les ranger, etc., etc.
Depuis deux jours ce travail honteux a déjà été effectué par quelques centres de Jeunesse. Mais la révolte est venue et aujourd’hui plusieurs chefs refusent de laisser soumettre les jeunes Français qui leur sont confiés à cet odieux servage.
Il y aura donc du sport au Palais. »
Les deux articles cités ci-dessus reflètent l’esprit général de la presse (officielle) de l’époque. Il y a pire. La folie antisémite, protégée par la terreur nazie, s’en donnait à cœur joie, les propos, articles, pamphlets des Céline, Brasillach, Costantini en témoignent. Le rappel de ces ignominies ferait-t-il réfléchir ceux qui, en ce début de siècle, sont tentés de faire à nouveau couler le sang d’innocents ? Certainement pas.
Mais cela réveillera peut-être ceux –trop nombreux- qui sont fatigués d’entendre ressasser un passé douloureux, ceux-là se feront-ils entendre un jour ? Quand le procès des assassins d’Ilan Halimi n’est pas rendu public, que vingt ans après l'olivier dressé près de sa tombe est tronçonné, quand des millions de manifestants totalement ignorants de l'Histoire prônent la disparition de l'état d'Israël, quand dans le pays où il y a 80 ans les enfants d'Izieu ont été déportés et assassinés, aujourd'hui des enfants de confession juive doivent être accompagnés pour se rendre à l’école,
je te demande, toi professeur agrégé qui un jour, alors que j'affichais dans l'école des panneaux d'information sur les crimes nazis pendant la seconde guerre mondiale, m'avais dit: "Mais voyons, c'est fini tout ça, il faut tourner la page" , le penses-tu encore?
rappel des sources :
- Journaux officiels,
- La persécution des Juifs en France et dans les autres pays de l’ouest présentée par la France à Nuremberg, recueil de documents publié sous la direction de Henri Monneray, substitut au Tribunal militaire international, Paris, 1947,
- Marrus et Paxton.- Vichy et les juifs, Calmann-Lévy 1981,
- Philippe Ganier Raymond.- Une certaine France, l’antisémitisme 40-44.
D'où viens-tu ?
On ne voit plus les gens comme ils sont. On se demande d’où ils viennent. Je ne pense pas immédiatement à ceux qui viennent d’ailleurs. On ne s’est jamais autant plongé dans les recherches généalogiques. Jusque dans les classes où il est demandé aux élèves de dessiner leur arbre familial. Et chacun de plaider pour son pays, sa région, son village, son quartier. Le pompon revient aux Corses et aux Bretons et je mets des majuscules. Ces gens vivent dans un Eden inimitable. Si vous les avez un jour à votre table, ils vous rendront un grand service : ils vous montreront que vous ne savez rien, que vous n’avez rien à dire, mais si par malheur vous êtes du nord, ils vous rejetteront dans le gris et la froidure. Le pire des imbéciles s’il est breton ou corse de cœur et d’esprit aura, partout où il sera, le monopole de la parole. Et malheureusement pour vous, pas dans sa propre langue, mais en français.
Quel est l’intérêt de savoir d’où vient quelqu’un ? Il est plus simple d’aller voir sur place. Je ne connais pas la Corse, mais la Bretagne est une région de France magnifique où l’on rencontre des gens très bien, accueillants et qui ne vous bassinent pas avec leur océan, leur vent du large, leurs poissons, leurs druides, les algues thérapeutiques et l’histoire de la marine à voile. On est toujours assez grand pour se rendre compte par soi-même de ce qu’on voit, de ce qu’on entend et de ce qu’on mange.
Cet intérêt -nouveau par son ampleur- pour tout ce qui touche aux origines s’accompagne automatiquement d’un questionnement sur les traditions, les coutumes. Plus d’un goût prononcé d’ailleurs que d’un questionnement. Les traditions sont là pour être admirées, à l’occasion perpétuées, mais jamais questionnées. La coutume est hors de question. Attention danger. Car s’il est des traditions amusantes, il en est d’autres inquiétantes que les démocrates que nous sommes ne tiennent pas particulièrement à exhumer.
Hormis la Corse et la Bretagne, il y a une autre région qu’il faut prendre avec des pincettes. Elle ne vient pas du fond des âges, est encore en rodage mais prometteuse. Elle n’est ni au nord ni au sud, elle ceint les villes, elle a ses us et coutumes, ses règles, ses héros et ses dieux. Elle a une particularité dont ne dispose aucune autre région de France : on ne peut l’évoquer, la décrire, la penser qu’avec compassion. On la dit déshéritée, défavorisée, laissée sur le bord du chemin, oubliée de la république. De ses quartiers on dit qu’ils sont sensibles, un terme que la langue n’attribuait qu’à des êtres humains. Etes-vous de là ? On vous plaindra ou l’on vous condamnera. Sans se demander qui vous êtes.
Un retour dangereux à ces théories qui parlaient non des hommes, mais des masses. Dangereux car il arrive qu’un troupeau cherche son berger. Et le trouve. Cela s’est vu dans le passé. Les grandes théories politiques des siècles derniers n’ont pas franchi les limites de la sociologie. A la suite de Marx, elles se sont accordées pour dire que c’est l’être social qui détermine la conscience. Elles ont écarté toute idée de personne. Elles ont raisonné en termes de classe, de nation, quand ce n’est pas de race. On a vu vers quelles horreurs cette façon de ne pas penser l’homme a plongé l’humanité.
Attention alors à ne pas accorder une existence qu’elle n’a pas à la gent des quartiers ! Pas plus que la découverte de canaux sur la planète Mars n’indique la présence de martiens, l’alignement de barres d’immeubles ne nous permet d’induire une identité pour leurs habitants. Et comme les quartiers que nos politiques pensent déshérités n’ont pas le monopole de la misère et de la détresse, les paysans et les pêcheurs pauvres ne se ressemblent pas non plus. Nous sommes tous différents, et même si certains ici ou là sont confrontés aux mêmes problèmes, chacun est maître de son destin.
Ne commettons pas l’erreur de juger les gens en fonction de leur couleur de peau, de leur origine géographique ou ethnique, de leur milieu social, de leur lieu d’habitation, de leur philosophie ou de leur pensée politique. Car toutes ces choses n’atténuent en rien les circonstances d’une conduite. En les prenant en compte, on cultive l’irresponsabilité, c’en est fini du libre-arbitre qui était et est encore le propre de l’homme.
Regarder l’individu en se demandant d’où il vient, c’est un peu ce que ferait le policier s’il prenait exclusivement en compte le casier judiciaire d’un suspect. N’enfermons personne dans la geôle de ses origines, ne collons à personne un casier généalogique. Bien sûr il y a des circonstances, des causes, des non-dits, mais à la fin des fins il y a toujours quelqu’un. Sinon, c’en est fini de la justice, et bien pire.
Comme c’est ridicule de coller l’étiquette « juif » à un israélien, ça l’est aussi de penser le français « chrétien » ou l’arabe « musulman ». Nous sommes ainsi faits que même après des siècles d’histoire, il reste au plus profond de nous un carré irréductible de liberté, qui nous rend insensible à l’air du temps, à ce qui se dit, à l’idée dominante, à l’opinion.
§
Mauvais rêve
Comment pourrait-on ne pas accorder le droit d’asile à des personnes qui fuient le terrorisme et la guerre ? A moins d’être inhumain, impossible.
Comment peut-on accorder le droit d’asile à des personnes qui prônent le terrorisme, qui donnent des conseils pour bien filmer des otages pendant leur exécution, qui publient une photo d’Hitler accompagnée de cette mention qu’il faut tuer les juifs ? A moins d’être aveugle ou complice, impossible.
Si cette chose arrivait, ce ne serait qu’un mauvais rêve. Car jamais les personnes qui nous gouvernent ne pourront oublier les drames que leurs parents et grands parents ont vécu, quand les troupes nazies s’étaient emparées de la France.
§
Séance de dédicaces pour "Le voyage de Jana" à Bréhal (Manche)
- C'était une amie, n'est-ce pas, qui partageait votre vie?
- Oui, elle s'appelle Juliana. Elle est toujours dans mon cœur, toujours.
Jermila se lève, prend Jana dans ses bras et l'embrasse.
- Il me faudra assister encore à des messes pendant des milliers d'années pour comprendre un jour pourquoi le Seigneur soumet les meilleurs d'entre nous à de telles épreuves!
(extrait du "Voyage de Jana")
§
Le trotskisme n'est plus ce qu'il était. Une petite flamme qui s'éteint.
« …dirigeants impérialistes, Netanyahou, mais aussi les soi-disant experts et « journalistes » affirment que l’Iran possède ou posséderait une bombe nucléaire pour détruire Israël. Les rapports de l’Agence internationale atomique (AIEA) démontrent le contraire. Mais peu importe pour les va-t-en-guerre. (…) Plusieurs d’entre eux (experts et « journalistes ») expliquent d’ailleurs que 80% de la population iranienne est contre les ayatollahs. Ce chiffre est évidemment une pure invention. »
Les phrases que vous venez de lire n’ont pas été prononcées par le Guide suprême de la République islamique d’Iran. Elles proviennent du journal « Informations ouvrières » du 27 juin 2025.
D’abord il y a des erreurs. Les « experts et journalistes » n’ont jamais dit que l’Iran « possède ou posséderait » une bombe nucléaire. Ils évoquaient des travaux très avancés. Ajoutant à ce constat la volonté affirmée depuis toujours par les ayatollahs de détruire l’état d’Israël, l’intervention militaire programmée sur les sites nucléaires iraniens était inévitable.
On remarquera que les tirs de missiles sur la population israélienne (donc sur des juifs, des arabes, des chrétiens et des incroyants) ne sont pas le fait de « va-t-en-guerre ». Des quartiers d’habitation, des immeubles bombardés par les drones et les missiles iraniens, « Informations ouvrières » n’en dit pas un mot.
Et puis, il y a cette envolée finale… « que 80% de la population iranienne est (serait) contre les ayatollahs. Ce chiffre est évidemment une pure invention. » Il faudrait rappeler au « militant » qui a écrit ces lignes que les urnes n’existent pas en république islamique. Ou alors, il faudrait trouver pour ces choses un autre nom. Faute d’urnes, pour savoir ce que pense le peuple iranien, on doit se contenter d’évaluations. Le chiffre de 80% me parait raisonnable. Comment des gens aussi éclairés que les iraniens pourraient rester aveuglés par un régime qui livre le pays à des bandes fanatisées et armées, qui imposent par la violence leurs croyances, leur vision du monde jusqu’à la façon de penser, de vivre et de se vêtir à tout un peuple ?
Malgré tout, je souhaite une chose au journal « Informations ouvrières » : qu’un jour il puisse être imprimé et diffusé sur les marchés en Iran, aussi librement qu’aujourd’hui il l’est en France.
§
Sept mois et quelques jours
L’écrivain français Boualem Sansal est détenu en Algérie depuis sept mois et quelques jours.
Et rien ne se passe, ni du côté de l’état, ni de celui de son chef qui semble plus souffrir des bombardements sur les sites militaires de la république islamiste d’Iran que du sort de son compatriote.
Et les journaux, les radios, les français, qu’est-ce qu’ils en disent ?
…les gens allaient leur chemin comme on leur disait… (2084 Boualem Sansal: La fin du monde)
§
Reconnaître sans délai l'état de Palestine?
L’ambassadrice de Palestine Hala Abou Hassira déclare qu’elle a l’honneur de hisser le drapeau palestinien sur le fronton de la mairie de Saint-Denis, aux côtés du maire, du député…ainsi que « des habitants qui n’ont cessé d’exprimer leur soutien au peuple palestinien ».
Le maire et le député, sans doute. Mais les habitants ? Y a-t-il eu consultation ? Je veux bien admettre qu’il y a à Saint-Denis (comme ailleurs) des citoyens concernés et émus par les souffrances des gens qui, en Palestine, vivent dans la peur et subissent des bombardements, mais de quel droit peut-on agir en leur nom ? D’ailleurs certains habitants de Saint-Denis ont pu être émus (et révoltés) par le pogrom du 7 octobre 2023, sans que personne -à ma connaissance- n’ait proposé de hisser le drapeau israélien au fronton de la mairie.
J’ai parcouru les huit lignes de la déclaration de cette dame, sans lire une seule fois le mot « Hamas ». Comme si cette organisation terroriste avait disparu des radars. J’ai pourtant eu bruit de certaines manifestations de populations à Gaza qui ne supportaient plus de vivre sous la dictature de cette organisation. C’est donc que le Hamas existe encore. Il ne faut pas confondre les palestiniens avec les bandes armées qui sèment la terreur.
Elle ajoute qu’il faut reconnaître sans délai l’état de Palestine. « Sans délai » ! Quand des innocents, certains encore vivants, sont retenus sous la terre ? Pour que le supposé nouvel état de Palestine reste sous la houlette d’initiateurs de pogroms, d’une horde qui voile les femmes et méprise les droits humains, d’une idéologie pour laquelle l’état d’Israël n’existe pas ?
- §
« Ce petit cadeau que je n’aurai pas pour la fête des mères »
Ces quelques mots de la mère d’Elias, j'espère que le président ne les a pas entendus. S’il les a entendus, il ne mérite pas d’être en charge de la république.
Je pense bien sûr à l'inacceptable comparaison qu'il a osée entre les meurtres qui ont bouleversé la France ces derniers mois avec des "faits divers".
§
Un grand écrivain est séquestré par une dictature,
des innocents sont détenus sous la terre par une organisation terroriste,
partout, à l’école, dans le sport, dans les universités l’islamisme progresse, dans certains quartiers on doit subir la loi des narcotrafiquants,
l'antisémitisme s'étale jusque sur le mur des noms du Mémorial de la Shoah,
des racailles profitent d'une victoire de l'équipe de France de football pour vandaliser, piller, saccager Paris et d'autres grandes villes,
il faudra des années pour venir à bout de ces forces qui n'ont d'autre but que de préparer le chaos.
Mais qui aura le courage de faire face et de redresser le pays? Qui?
Anne, ma sœur Anne, je ne vois rien venir.
§
Après l'assassinat d'un couple devant le musée juif à Washington, le président Isaac Herzog a réagi::
"L'Amérique et Israël resteront unis pour défendre nos peuples et nos valeurs communes. Le terrorisme et la haine ne nous briseront pas."
Chaque mot a son importance: "nos valeurs communes". Que dire de plus à ceux qui vont condamner cet assassinat en ajoutant "oui mais"... l'éternel "oui mais"... Ils parleront de Gaza sans jamais mentionner la responsabilité du Hamas. L'état d'Israël est menacé de toutes parts, et ce n'est pas à l'armée française, ni à celles de l'Europe qu'il doit d'exister encore, mais à celle des Etats-Unis.
Quant aux mots du président Herzog: nos valeurs communes, il a raison d'insister. Les valeurs communes, ce sont la démocratie, les libertés. Il ne faut pas confondre la nature d'un régime politique et sa politique gouvernementale. Au-delà de Trump et de Netanyahou, Israël et les USA sont, outre leur politique parfois condamnable, encore compatibles avec l'Esprit des lois que nous a légué Montesquieu: séparation des pouvoirs et élections libres.
§
La société idéale
Il y a une chose qui réunit tous ceux qui critiquent les sociétés occidentales : jamais ils ne nous dressent un portrait, ni même un aperçu de la société qu’ils proposent. C’est dommage, car les humains que nous sommes vivent dans le projet. Il nous est difficile de croire en quelque chose si nous n’en avons aucune idée.
C’est la raison pour laquelle les premiers socialistes, au XIX° siècle, avaient conçu leur programme en deux parties: un minimum et un maximum. Le premier était celui qu’on aurait pu qualifier de catalogue des revendications ouvrières de base, salaire, conditions de travail, libertés d’association, de réunion, droit de grève. Le deuxième, celui auquel devait aboutir la lutte finale: la société libérée, où chacun devait recevoir selon ses besoins: le communisme. Les fondateurs du marxisme insistèrent sur la liaison entre les deux: il était difficile pour la classe ouvrière de mener son combat quotidien contre l’injustice si elle n’avait pas conscience que cette dernière était par essence capitaliste. De la critique du capitalisme, la conscience de classe amenait nécessairement les travailleurs à poser comme but suprême de leur combat l’édification d’une société sans capital, sans classes, et finalement sans état, puisque sans opposition ni violence… ni frontières puisque les prolétaires de tous les pays avaient les mêmes intérêts et devaient donc nécessairement s’unir.
Ces fondateurs du socialisme avaient beaucoup de mérite (et d’imagination) lorsqu’ils dressaient aux travailleurs un portrait -disons: une esquisse- de la société future. La révolution de 1917 allait-elle mettre fin à cette incertitude, allait-elle montrer au monde la beauté de ce nouveau monde, récompense ultime, objectif de tous les combats ouvriers? Un peu, pendant quelques années. Ensuite seulement pour les aveugles et ceux qui ne voulaient rien entendre. La révélation des déportations, des famines, et de l’univers concentrationnaire sibérien montrèrent aux travailleurs du monde que, quelle que soit leur classe, leur parti, leurs idées, les hommes restaient les hommes, avec leur appétit du pouvoir, leur égoïsme et même leur violence.
Or on entend aujourd’hui à nouveau cette petite musique: le capitalisme est responsable de tout. C’est vrai qu’il est à l’origine de beaucoup de choses, et pas toujours réjouissantes. Ceci dit, on est en droit de se demander s’il y a une alternative. On regarde tout autour, et nulle part nous n’avons un modèle d’une société libre et démocratique non capitaliste. Comme si la liberté de chacun était indissociable de la liberté d’entreprendre.
Ne fermons cependant aucune porte. Peut-être y a-t-il dans l’esprit des plus ingénus de nos contemporains une idée, un schéma du système social idéal, société juste, sans profit, sans inégalités et sans violence ?
§
Nouvelles menaces sur les Pays baltes
Depuis quelques jours des troupes russes font des "exercices militaires" près des frontières des pays baltes. Il est bon de rappeler quelles furent les conséquences du pacte germano-soviétique dans les années 40-41, et de l'après-guerre pour ces pays sous domination soviétique. dans le livre "Là-bas, tout près", j'abordais en 2022 ce problème:
Sionisme ?
Un député socialiste est exclu d’une manifestation contre « l’islamophobie » ! Accusé d’être un sioniste, il tente de parler avec une femme qui l’insulte. Il explique qu’on doit condamner ce qui s’est passé le 07 octobre 2023, autant qu’on doit condamner l’assassinat d’un musulman en prière. En vain.
Le député a quitté la manifestation. D’autres, pourtant socialistes comme lui, sont restés dans le cortège. Cela mérite-t-il un commentaire ?
Cette remarque peut-être : l’antisémitisme n’est pas mort, il a seulement changé de nom.
§
Merci à Philippe Canuet du journal Ouest-France qui a su, en quelques mots, présenter "Le voyage de Jana":